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reliure, peinture, fabrication de papier et gravure... et cuir, tiens, aussi

Rénovation d'un divan en cuir

29.5.24 Suite de ma quinzaine du cuir. Après le blouson de récup', je m'attaque aux coussins en cuir du divan: teindre et regénérer, puis cirer. Photos avant/après. Aussi lien vers vidéo: comment réparer un trou.


Rappel: je joue à comprendre le cuir, dans le droit-fil de mes hobbys de tissage, de teinture, etc. Ne pas prendre ceci pour des tutos, ce sont des notes de travail d'un novice total.

A la maison, on a laissé traîner la réfection de coussins de divan que j'ai hérités de mes parents. Cuir de très bonne qualité, fabrication au top, latex intérieur qui a résisté depuis plus de 40 ans. Quasi rien à refaire, sauf... la teinture.

Ci-dessous, l'état ancien et le coussin qui a servi de premier test de teinture à l'alcool en brun-roux de chez Fiebing. A gauche la face d'un coussin, blanchie. A droite, le dos resté rouge orangé.
La roulade orangé clair sur le linge gris: le tampon que j'ai improvisé avec de la toison d'alpaga infilable. J'avais testé sur du cuir blanc, auparavant. Je n'aurais pas imaginé que le résultat serait si foncé, mais finalement ça nous arrange.

 

Des parties sont encore rouge orangé, car elles n'ont quasi jamais vu la lumière. D'autres sont carrément blanchies. Deux solutions: soit tout déteindre (oh le bazar), soit (ma solution) opter pour un ton plus foncé, en espérant que les différences de ton s'estomperont.

J'ai choisi la couleur "russet" alias brun-roux chez Fiebing's, teinture à l'alcool. Sur le divan rouge orangé, le ton est devenu brun "club anglais" (ma terminologie pour ces fauteuils profonds et confortables que j'ai vus dans ... des clubs anglais). Et ce, même sur les zones blanches.

 

D'abord j'ai tenté de nettoyer les quelques taches: je fais fondre du savon de Marseille et un peu de cristaux de soude dans de l'eau bouillante. Je complète avec de l'eau froide. Je trempe un linge, que j'essore bien. J'en frotte le tout sans baigner, en insistant sur les taches. C'est ce que je faisais pour le cuir de sellerie, ça fonctionnait.

Des taches restent malgré tout, tant pis: le tout sera brun, ça passera.

J'ai rincé avec un linge essoré. Quand le cuir a séché (très vite, à l'ombre), j'ai passé toute la surface à l'alcool ménager, pour casser le vernis qui resterait encore.

Cela m'amuse de trouver l'équivalent des produits chers qui sont vendus en artisanat. J'ai fait pareil en peinture artistique, quand j'ai testé de reproduire les mediums classiques plutôt que de les acheter. Un truc: reportez le prix de la bouteille au litre, vous glupseriez de voir que vous venez de payer 100 euros le litre! Je ne suis bien sûr pas en concurrence, c'est un jeu. Ces pros ont des impératifs de conservation, de fluidité, de suspension et de pénétration que je n'ai pas.

Si je suis les procédures conseillées par les pros du cuir (decocuir.com, ou www.renovation-du-cuir.fr, j'aurais besoin du Deglazer (déglaçant) de la marque X. Renseignements pris sur le forum Leatherworker.net, l'alcool ou l'acétone fait pareil. Je préfère le premier, moins agressif que le second, tant que je ne suis pas familière avec la matière et les types de cuir.

Je pourrais teindre en teintures végétales maison, mais je me compliquerais la vie à ce stade.

Après déglaçage et teinture, le cuir est raide, il a perdu un peu de ses graisses. Il faut le renourrir. Je passe donc ma crème regénératrice. J'ai fait fondre 50% de suif maison (produit chez moi à partir de restes de boeuf donnés par un fermier ami) et de 50% d'huile de pied de boeuf. Je verse dans un petit bocal fermé. ça garde longtemps. C'est rrrrriche! On n'en met qu'exceptionnellement, sur les cuirs secs. Et propres, dois-je préciser à mon ami à qui j'ai offert un pot, et qui voulait regénérer des licols sans les nettoyer au préalable :)

Le cuir a été renourri. Il faut ensuite le protéger de l'eau: je vais l'oindre de ma cire maison. J'ai fait fondre 1 volume de cire achetée chez un ami apiculteur ardennais, 1/2 volume d'huile de lin blanchie (source Droguerie Lelion à Bruxelles), 1/2 volume d'essence de térébenthine.

A ce stade, je suis arrivée à la moitié des coussins. J'ai fait une photo comparative de

1/ un coussin teint, non oint tout à gauche, très sec, raide, on s'en doute

2/ un coussin teint, nourri à la crème Leovet qui date encore de mes années d'équitation, de bonne qualité: un peu plus souple

3/ tout à droite un coussin nourri par ma crème regénératrice puis mon baume maison (baume: nom du cirage pour le cuir) - redevenu bien plus souple. Le gagnant!

Réparer un trou

Petit détail pour un des coussins d'assise: un petit trou triangulaire au milieu. Gros-plan:

Je vais couper les bords bien nets, au bistouri (qui me reste de mes années en reliure). Je vais coller dessous un tout petit morceau de cuir fin (ou de tissu dense). Coller à la néoprène. Fermeture éclair, je peux oter la mousse pour coller.

Je vais découper dans du cuir de cette épaisseur, choisi dans mes morceaux de récup', de préférence beige ou brun très clair, la forme de ce triangle. Après l'avoir teint avec le brun-roux de Fiebing, comme le reste, je le collerai sur la pièce de dessous. C'est un projet, pourvu que ça fonctionne!

J'ai encore de la colle contact à l'atelier (néoprène), c'est ce qu'on utilise en travail du cuir. En anglais: "rubber cement".

Après avoir imaginé cette procédure avec ma chère belle-mère, en pow wow autour du divan, on a voulu vérifier si ça se faisait vraiment comme cela. On dirait que oui, mais comment savoir sans l'avis d'un pro?